L’alambic armagnacais : mécanique et principes de fonctionnement
La forme de l’alambic armagnacais intrigue : un train de colonnes cuivrées, compact et longiligne, sorte de navire industriel aux cuves ventrues. Mais qu’y a-t-il sous la robe de cuivre poli ?
Le principe de distillation continue
Contrairement à l’alambic charentais (cognac), qui fonctionne par “charges” successives et distillations multiples, l’alambic armagnacais adopte une philosophie continue. Le vin entre d’un côté, la vapeur d’alcool s’échappe de l’autre, la machine ne s’arrête jamais tant qu’il reste du vin à travailler. Cela permet :
- Une distillation lente, maîtrisée (1 à 3 litres par minute, soit environ 600 à 1 800 litres par journée de 10 heures)
- Un passage unique du vin : il n’y a qu’une seule distillation, contrairement au cognac (double distillation)
- Des températures basses (environ 52 à 62°C sur la colonne d’alcool, ce qui extrait de nombreux arômes “primaires” du vin)
La machine se compose principalement de :
- Une chaudière à feu nu (flamme directe, parfois encore au bois, le gaz dominant de nos jours)
- Une colonne de distillation en cuivre (de 7 à 15 plateaux, selon l’usage et la maison)
- Un chauffe-vin (échangeur de chaleur qui préchauffe le vin frais grâce aux vapeurs d’alcool résiduelles, pour optimiser le rendement et la douceur de l’extraction)
Un mécanisme à la croisée des usages
L’alambic armagnacais tient de la prouesse mécanique. Par sa simplicité : des robinets, quelques interrupteurs, toujours ajustés à l’oreille et au nez du distillateur. Par sa flexibilité aussi : il est souvent monté sur roues, chaque producteur pouvant le déplacer de chai en chai, de domaine en domaine, parfois tracté par une camionnette au lever du brouillard d’automne (France Inter).