Les missions principales d’un maître de chai
Le métier de maître de chai est à la croisée des chemins entre la science, l’art et l’intuition. Voici les grandes étapes de son rôle dans l’élaboration du cognac :
1. La sélection des eaux-de-vie
Tout commence par la sélection des eaux-de-vie issues de la distillation. Après la vendange et la fermentation du vin, les eaux-de-vie sont obtenues grâce à une double distillation dans des alambics en cuivre. Le maître de chai évalue leur potentiel aromatique en les dégustant. À ce stade, il recherche les qualités brutes : fraîcheur, équilibre, finesse des arômes. Seules les meilleures eaux-de-vie sont retenues pour un vieillissement prolongé.
2. La gestion des fûts et du chai
Une fois sélectionnées, les eaux-de-vie sont transférées dans des fûts de chêne, fabriqués à partir de bois provenant principalement des forêts du Limousin ou de Tronçais. Le maître de chai choisit rigoureusement le type de fût en fonction des caractéristiques de chaque eau-de-vie. Les fûts plus jeunes, aux tanins vigoureux, conviennent aux eaux-de-vie charnues, tandis que les fûts plus anciens adoucissent les spiritueux plus subtils.
Sa mission ne s’arrête pas là. Le maître de chai surveille l'environnement du chai (température et humidité) et s’assure que chaque fût évolue dans des conditions optimales. L’évaporation, souvent appelée "part des anges", est également contrôlée. Chaque année, environ 2 % du précieux liquide s’évapore – un sacrifice inévitable pour atteindre la perfection.
3. L’art de l’assemblage
C’est ici que le maître de chai déploie tout son génie. L’assemblage (ou "blending") est un travail de précision et de créativité. Le cognac, contrairement aux whiskies single malt, est généralement un assemblage de plusieurs eaux-de-vie d’âges et de provenances différentes.
Pour un cognac VS (Very Special), qui requiert un minimum de 2 ans de vieillissement, le maître de chai peut associer des eaux-de-vie jeunes et vibrantes pour une personnalité audacieuse. En revanche, pour un XO (Extra Old), nécessitant au moins 10 ans de vieillissement, il sélectionne des eaux-de-vie plus anciennes et nuancées, capables d’offrir une palette sophistiquée. Certains producteurs poussent cette précision encore plus loin, avec des cognacs millésimés ou des embouteillages spéciaux qui reflètent l’essence d’une année ou d’un terroir spécifique.
4. L’élevage et le contrôle final
Enfin, le maître de chai supervise les dernières étapes avant la mise en bouteille. Il ajuste le degré d’alcool si nécessaire, en ajoutant de l’eau pure de source, et veille à ce que le cognac repose suffisamment pour harmoniser l’assemblage final. Parfois, il attend des années supplémentaires pour perfectionner un grand cru ou assembler des "paradises" (des cognacs extrêmement âgés gardés précieusement en réserve).