La distillation : l’art du feu et du cuivre
Distiller la cerise, c’est jouer de la patience et de la précision. La double distillation (alambic charentais ou à repasse) est la norme pour les eaux-de-vie fines. L’alambic traditionnel en cuivre reste l’outil central ; il favorise des réactions chimiques – formage de composés thiolés, transformation des acides – impossibles à reproduire dans de simples cuves inox.
Le premier passage : extraction grossière
La première chauffe, ou « brouillis », sert à extraire la quasi-totalité de l’alcool et des arômes bruts. On travaille lentement, sous feu continu mais sans ébullition violente, pour ne pas brûler les matières solides.
La deuxième chauffe : sélection et finesse
Vient le temps de la "bonne chauffe". Ici, chaque maître distillateur tranche, selon sa sensibilité, les fameuses "têtes", "cœur" et "queues" :
- Les têtes : premières fractions récoltées, riches en composés volatils indésirables (aldéhydes, méthanol)
- Le cœur : la partie noble, cœur de chauffe, contenant l’essentiel des arômes de cerise et d’amande
- Les queues : dernières fractions, riches en alcools lourds, huiles de fusel, mauvais goût assuré si elles sont conservées
Selon la quantité et la qualité du moût, 100 kg de cerises donneront entre 7 et 12 litres d’eau-de-vie à 60–65% vol. (source : Distillers’ Guide, Université de Geisenheim).