De la fermentation à la distillation : comprendre le squelette du calvados
La fermentation : extraire la complexité du fruit
Après pressurage, le moût fermente naturellement, en cuve, le plus souvent sans ajout de levures exogènes, sur une durée allant de quelques semaines à plusieurs mois. Si la fermentation du cidre du Pays d’Auge se déroule lentement (le climat le permet), on recherche un cidre sec (moins de 3% de sucres restants) et riche en esters, gages de futur bouquet aromatique.
Dans le Domfrontais, la fermentation du poiré complexifie encore la donne, la poire ayant une richesse aromatique plus fugace que la pomme. Les cidres issus de poires présentent des acidités plus franches et des notes florales atypiques – une base idéale pour des eaux-de-vie racées.
Simple ou double distillation : un choix critique
La distillation, véritable filtre du style, distingue deux grandes familles :
- La double distillation, obligatoire dans le Pays d’Auge, se fait en alambic à repasse (cognacaise), par passes successives. Elle donne au calvados un corps plus ample, des arômes ronds, une texture fondue. On distille un premier “brouillis” autour de 28-30%, puis la “bonne chauffe” à 70% d’alcool, où l’on ne garde que le “cœur”. C’est une école de la patience et du détail. (Source : BNIC – Cognac)
- La distillation continue, permise dans l’AOC “Calvados” et obligatoire en Domfrontais, se fait sur alambic à colonne. Cette méthode, souvent jugée plus “industrielle”, permet d’extraire davantage le caractère fruité, la fraîcheur, une certaine netteté qui sied bien au Domfrontais, même si de nombreux artisans font parler leur virtuosité sur colonne.
Dans les faits, certains distillateurs décrivent la double distillation comme offrant des eaux-de-vie de garde, tandis que la colonne donne souvent des calvados plus vifs, accessibles plus jeunes. (Source : calvados.fr)